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Conseil Scientifique > Productions du Conseil Scientifique > Avis du Conseil Scientifique > La saga du baclofène : une AMM et un remboursement pour un médicament n’ayant pas apporté de preuves solides de son efficacité pour réduire la consommation d’alcool | |
Dans cette catégorie: L'approche centrée patient en médecine générale Iatrogénie médicamenteuse : constat et propositions Eviter la visco-supplémentation dans la gonarthrose Intérêt du score calcique dans l'évaluation du risque cardiovasculaire en médecine générale Vaccin Comirnaty® contre la Covid-19 chez l’enfant âgé de 5 à 11 ans : une aide à la décision Pas d’aspirine pour les patients à risque cardiovasculaire en prévention primaire Vaccin AZD1222 (AstraZeneca) contre la Covid-19 : une aide à la décision Vaccin Moderna mRNA-1273 contre la Covid-19 : une aide à la décision Décider selon les données de la science, y compris en période pandémique Covid-19 : y a-t-il une place pour l’hydroxychloroquine (Plaquénil®) en médecine générale ? Covid 19 : argumentaire scientifique sur le dépistage de masse et le confinement L’association entre nombre de médecins généralistes par habitant et santé populationnelle Le développement de pratiques infirmières avancées en soins premiers en France Fichiers joints: |
La saga du baclofène : une AMM et un remboursement pour un médicament n’ayant pas apporté de preuves solides de son efficacité pour réduire la consommation d’alcoolAvis du Conseil Scientifique du CNGE - Janvier 2020Créé le jeudi 23 janvier 2020 La saga du baclofène : une AMM et un remboursement pour un médicament n’ayant pas apporté de preuves solides de son efficacité pour réduire la consommation d’alcool A Paris, le 23 Janvier 2020, Le baclofène a été médiatisé à la suite des témoignages du Dr Olivier Ameisen1 et de patients, avant son évaluation dans des essais cliniques. La méta-analyse Cochrane2, publiée en 2018, ne permettait pas d’établir les preuves de son efficacité pour maintenir l’abstinence et/ou réduire la consommation d’alcool. Cette méta analyse comprenait notamment l’essai ALPADIR3, mené en France. Cependant, la plupart des essais négatifs avaient évalué des posologies maximales de baclofène plus faibles que celles des essais ayant des résultats significatifs4. Ces données viennent d’être complétées par la publication de Bacloville4. Cet essai clinique randomisé en double insu a évalué le baclofène (titration de la posologie avec médiane = 180 mg/j) versus placebo et inclus 320 patients ayant une consommation à risque élevé d’alcool (en moyenne 129 g/j). Le critère de jugement principal était une consommation d’alcool à faible risque selon les seuils de l’OMS au cours du 12e mois. Le taux de succès a été de 57% dans le groupe baclofène et de 36% dans le groupe témoin, différence absolue = 21% ; IC95% = 8,1-33,8, nombre de sujets à traiter (NNT) pour obtenir 1 cas de diminution de consommation en plus = 5, et risque relatif = 1,59 ; IC95% = 1,17-2,15. Au cours des 12 mois de l’essai, la différence de consommation quotidienne moyenne d’alcool a été de 11 gr/j (1 verre) entre les 2 groupes en faveur du Baclofène. Les résultats sur les critères de jugement secondaires (nombre de jours avec consommation excessive, scores d’évaluation du craving, qualité de vie, paramètres biologiques) n’étaient pas significativement différents entre les deux groupes. Les effets indésirables graves ont été plus fréquents dans le groupe baclofène (nombre de sujets à traiter pour entainer un évènement indésirable en plus= 7) avec notamment des effets indésirables psychiatriques et davantage de décès dans le groupe baclofène que le groupe placebo. Les résultats de cet essai sont difficilement interprétables en raison du grand nombre de données manquantes sur le critère de jugement principal (moins de 25% des patients ont rapporté leur consommation d’alcool au cours du 12e mois) et d’une possible surestimation de la différence entre les groupes liée à une probable levée de l’insu (possibilité pour les patients de recevoir du baclofène en ouvert en cours d’essai). En termes de sécurité d’emploi, des posologies de plus de 200 mg ont été associées à un risque plus important d’effets indésirables5. L’analyse des données de sécurité issues de la RTU6 accordée par l’ANSM a montré qu’au-delà de 180 mg/jour, la fréquence relative des hospitalisations était augmentée de 46% et le risque de décès était multiplié par 2,3. Pour ces raisons, lors du renouvellement de la RTU7, une posologie maximum a été établie à 80 mg/j, posologie afin de limiter le risque iatrogène mais pour laquelle il n’y a aucune preuve solide d’efficacité. Le 23 octobre 2018, l’ANSM a accordé une AMM au Baclocur®, spécialité à base de baclofène. L’indication retenue est la réduction de la consommation d’alcool, après échec des autres traitements médicamenteux disponibles, chez l’adulte ayant un trouble de l’usage de l’alcool et une consommation à risque élevé (> 6 verres/j chez les hommes et 4 chez les femmes). La commission de transparence de la HAS a considéré que le service médical rendu était faible dans l’indication et dans le strict respect de la posologie de l’AMM. Elle a également octroyé une amélioration du service médical rendu de niveau V en positionnant le Baclocur® en dernier recours dans la stratégie thérapeutique. Ce médicament sera donc commercialisé et remboursé, le prix et le taux de remboursement ne sont pas connus à ce jour. Le Conseil scientifique du collège national des généralistes enseignants tient à rappeler aux médecins généralistes qui prescriraient du baclofène dans le cadre d’une décision médicale partagée, après information claire et loyale de leur patient, que :
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